La journaliste américaine Leslie Griffith a réalisé fin 2015 un documentaire sur le braconnage des éléphants, « When Giants Fall ». Ce film, pas encore diffusé en France, traite de la disparition des éléphants due au braconnage de masse. Il montre aussi les autres conséquences de cette activité en Afrique, où elle finance les conflits et alimente une course aux armements entre les braconniers et les rangers. Leslie Griffith a accepté de répondre par email à quelques questions sur son film et la situation des éléphants.
Pourquoi avoir réalisé « When Giants Fall », un documentaire sur le braconnage des éléphants ?
Les éléphants figurent parmi les rares espèces qui peuvent enseigner aux êtres humains comment vivre. Ils ne connaissent ni le meurtre, ni le viol, ils ne cherchent pas à se manipuler les uns les autres et ne se menacent pas entre eux. Ils ne rejettent pas ceux qui sont malades ou nés avec des problèmes. Ils se protègent et s’aiment sans exception. Ils sont constants, confiants et majestueux. L’écologiste Daphne Sheldrick dit d’eux, et ça résume tout pour moi : “Il faut 22 mois dans un utérus pour faire un éléphant contre à peine 9 mois pour faire un être humain« .
Le braconnage est-il la principale menace qui pèse sur les éléphants ?
Oui, l’équipe de tournage de “When Giants Fall” a parcouru 7 pays d’Afrique durant 3 ans et nous n’avons vu aucun éléphant avec de grandes défenses. Les parents sont majoritairement morts. Les enfants ne savent pas comment se comporter. D’une certaine manière, ils sont déjà psychologiquement morts. L’être humain a confronté l’une des espèces animales les plus pacifiques à la violence. En quelques années, la violence et la convoitise tueront les derniers éléphants restants. Pourquoi tuons-nous une espèce qui peut nous apprendre à vivre en paix ? En les exterminant, ne tuons-nous pas le meilleur de nous-même ?
Combien d’éléphants ont été victimes du braconnage l’an passé ?
Plus de 33 000 éléphants ont été tués en 2015. Soit 96 par jour. Désormais, les braconniers s’attaquent aux petits afin de récupérer un peu d’ivoire. Leurs défenses n’atteignent même pas 10 centimètres !
Votre film s’arrête sur le lien entre le braconnage et le financement des conflits et du terrorisme. Pouvez-vous en dire plus ?
En Ouganda, l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA) conduite par Joseph Kony, surtout connue pour avoir enrôlé des enfants soldats, s’est financée en partie sur l’ivoire du braconnage. L’ivoire de sang a été très bien documenté par le reporter du National Geographics Bryan Christy.
Avez-vous rencontré des difficultés lors du tournage ?
De nombreuses ! C’était très stressant car beaucoup prétendent se soucier de l’extinction imminente des éléphants, or ce sont les mêmes personnes qui braconnent.
Le plus étonnant dans votre film est que vous allez à Nairobi dans un salon dédié à la protection des animaux contre le braconnage et vous vous retrouvez face à un salon de l’armement. Pensez-vous que la lutte contre le braconnage alimente une course aux armements en Afrique ?
Oui, c’est tout à fait ça. Le monde doit savoir ce qu’il se passe. La situation est intenable. L’Afrique est sur le point d’imploser. Les vendeurs d’armes proposent aux Etats et aux organisations de protection des équipements de plus en plus sophistiqués : des lunettes de vision nocturne, des drones, des fusils, des lance-grenades…
Et où cela mène-t-il ? Est-ce bénéfique pour les animaux ?
Cette escalade risque de mal finir. Les armes finissent presque toujours entre les mains des braconniers et des milices. Récemment, en Tanzanie, lors d’une patrouille de surveillance aérienne, un pilote d’hélicoptère a repéré des braconniers. Ces derniers n’ont pas hésité à lui tirer dessus. Ils l’ont tué avec leurs AK-47. Dès lors, comment les éléphants peuvent-ils survivre dans ce monde dominé par le chaos, les souffrances humaines, la violence et l’avidité ?
Selon vous, quelle est la principale mesure à prendre pour protéger les éléphants ?
La seule manière de sauver les éléphants est d’endiguer la demande en ivoire. Cela signifie qu’il faut montrer au public, et pas seulement aux Chinois (NDLR, principaux acheteurs d’ivoire ?), que le braconnage menace de faire disparaitre à tout jamais les éléphants. C’est pour cela que j’ai fait “When Giants Fall”. Le film passe dans des festivals et est montré à des parlementaires aux Etats-Unis où il joue un rôle dans l’interdiction du commerce de l’ivoire par certains états.
Propos recueillis par Julien Leprovost
7 commentaires
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chaumien
Faut-il être inconscient pour tuer leséléphants pour de l’argent.Quand il n’y aura plus d’éléphants, ces inconscients seront obligés de se tuer entr’eux!
Serena
Quand il n’y aura plus d’éléphants les prix de l’ivoire ira monter in manière exponentielle et ils vendront l’ivoire qu’ils ont stocker. C’est pour ça que la quantité d’ivoire qui sort illégalement de l’Afrique et moins que la quantité commercialisée in Asie.
Phebe Archer
Those gentle giants do nothing to harm the poachers. Let us step up surveillance and give them the same treatment they give elephants, but death would be too kind. A lost foot, arm or leg or hand maybe. It is time to STOP making documentaries, recording elephant infrasound, writing books (for profit) and get down to the business of stopping poachers for good!
Thierrin
Je ne vois malheureusement pas de solutions à l’extinction des éléphants en Afrique.il faudrait que ce continent puisse se développer et ne plus vivre dans la misère et la guerre.l’avenir de ces élephants est lié au destin des africains.
Djogu
Les Kenyans voudraient protéger les éléphants ce sont des animaux qu’ils respectent pour des raisons tribales, et tout simplement c’est leur patrimoine j’habite au Kenya mon fils a un nom djogu qui veut dire éléphant il n’y a pas de doute là dessus avec la corruption des mesures simples sont impossible a mettre en œuvre il suffirait de contrôler les ports de Montbassa et ou de Dar el Sallam ce qui en soit est simple mais les enjeux financiers au sein même des ports doivent être considérable et plus le risque est grand plus les corrompus voudront être rétribué, les chinois étant chez eux au Kenya cela ne s’arrêtera qu’au dernier éléphant tué. Car les chinois ne renoncerons pas a cette stupidité car ils considèrent les Africains comme des sous développés stupides.
huchet
Bravo pour le courage des gens qui ont fait ce film;
Je suis de tout coeur avec eux . Il faut montrer au monde entier ce qui ce passe réellement avec l’ivoire qui est obtenus en tuent les éléphants.
Il faut interdire le commerce de l ‘ivoire dans le monde .
Il faut continuer le combat ne pas se décourager.
anick
delerive
bonjour:pourquoi le monde animal ne peut vivre en paix !!!!!!!!!;ces images de ces tueries d’éléphants insoutenables,inacceptables,jusqu’à quand allons nous tolérer ces horreurs !!!!!!!!!!!!:eux aussi ont le droit de vivre en paix,dans leurs milieux:destruction de leurs habitables;pour ces cultures;pourquoi est ce eux les responsables de destruction de ces agricultures ,qui détruisent leurs vies;arriver à les viser pour les tuer,les mutilés ,baignant dans leurs marres de sang;laissant ces orphelins vouer à leurs morts;cette si belle AFRIQUE,possédant une grande richesse cette VIE SAUVAGE,une merveille pour les yeux:voir ces documentaires qu’elles bonheur,que stop ces tueries d’animaux dans le monde;que serait nos vie sans eux!!!!!!!!!!!!!:alors stop à toutes ces horreurs: