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L’appel et la pétition de Gaël Giraud pour la gratuité des articles sur le changement climatique

L’économiste Gaël Giraud vient de lancer un appel et une pétition, qui a atteint les 20 000 signatures,  afin de demander la gratuité des articles traitant du changement climatique. Il s’agit, selon lui, d’informer au mieux le plus grand nombre de citoyens sur le climat, un sujet à part concernant tout le monde, et ses enjeux. Même si la question du modèles économique d’une presse indépendante et liure reste posée, l’idée soulevée par Gaël Giraud mérite d’être débattue.

Je suis directeur de recherches au CNRS. J’y travaille particulièrement sur les conséquences économiques du réchauffement et des effondrements de la biodiversité. J’ai également été chef économiste de l’Agence Française de Développement, cette grande banque publique d’investissement dont l’une des missions est d’accompagner des projets d’adaptation au dérèglement climatique dans les pays du Sud. Il y a cinq ans, j’ai co-fondé la Chaire Energie & Prospérité, qui s’occupe des questions économiques liées à la transition vers des énergies renouvelables dans un contexte de raréfaction des ressources minières.

À travers l’ensemble de mes activités de chercheur, de responsable économique mais également d’humanitaire au Sahel, j’ai été confronté de près à la question climatique.

Le réchauffement climatique expose nos sociétés à des phénomènes de plus en plus dramatiques. Nous en avons particulièrement subi les conséquences cet été avec des canicules exceptionnelles en France, des sécheresses inédites qui frappent durement notre agriculture, ainsi que les terribles incendies qui ravagent l’Amazonie, l’Indonésie, certains pays d’Afrique et même la forêt boréale. Les scientifiques confirment une accélération préoccupante du phénomène.

Le climat et la biodiversité ne sont donc pas des sujets comme les autres. Ils conditionnent la pérennité à court terme des sociétés européennes, sans parler de celle des Suds. Devant cette réalité, la mobilisation de la société doit être totale.

Mais les bonnes nouvelles sont nombreuses également : en ce moment-même, l’Afrique du Sud prend des décisions courageuses pour se libérer du charbon ; l’Indonésie a mis fin définitivement aux subventions publiques aux hydrocarbures fossiles, etc. Partout dans le monde, des projets fleurissent et des mobilisations triomphent, qui esquissent les visages d’une société plus durable. Il est important de donner à voir ces évolutions positives car, si la peur peut motiver, l’espoir est un moteur bien plus puissant pour l’action.

Nous avons donc besoin d’une information sur l’environnement qui soit globale, de qualité et accessible à toutes et à tous. Les débats, les discussions, les accords et les désaccords politiques que cette information suscite doivent également être visibles du grand public. Sans information libre, il n’y aura pas de délibération démocratique éclairée. Or la presse a précisément la mission de mettre à disposition cette information.

C’est pourquoi nous demandons que l’ensemble des articles liés à la question environnementale soient en accès libre, qu’ils soient gratuits. Il est essentiel que les barrières à l’information tombent pour permettre un élargissement de la mobilisation citoyenne. L’information sur l’urgence écologique concerne notre avenir commun. Elle est donc un bien commun, une ressource dont nous pouvons tous partager les fruits à des fins de mobilisation collective.

Il y va également de la facilité d’accès à l’information pour l’éducation, à l’heure où l’intégration de la question climatique dans les programmes scolaires, de la maternelle à l’enseignement supérieur, fait enfin surface. 

Nous savons les temps difficiles pour la presse, confrontée à la concurrence de l’information numérique gratuite et des réseaux sociaux, prompts à diffuser des contenus parfois inexacts ou trompeurs. Cette pétition est adressée à une presse généraliste institutionnelle, nationale et régionale. Seule une petite fraction des papiers est concernée (5% ?), et il est peu probable que les personnes qui s’y abonnent le fassent spécifiquement pour les articles sur le dérèglement climatique, pour lesquels il existe une presse spécialisée. De plus, des articles gratuits créent du flux sur les sites, ce qui bénéficie aussi au taux d’abonnement global.

Nous avons la chance d’avoir une presse compétente en matière environnementale, et de très bons journalistes sur le sujet. C’est une richesse pour notre pays et je suis convaincu que leur travail devrait être un bien commun. Le changement climatique, quoi qu’on en dise, n’est pas un sujet comme les autres. Nous devons, chacun à notre échelle de responsabilité, nous mobiliser.

Avec cette initiative, mon but n’est certainement pas de mettre en difficulté une presse qui, je le sais, subit une forte pression économique. Au contraire, cette pétition est adressée à une presse généraliste institutionnelle, nationale et régionale. Seule une petite fraction des papiers est concernée, et il est peu probable que les personnes qui s’y abonnent le fassent spécifiquement pour les articles sur le dérèglement climatique, pour lesquels il existe une presse spécialisée. De plus, des articles gratuits créent du flux sur les sites, ce qui bénéficie aussi au taux d’abonnement global.

Nous ne demandons pas une transformation du business modèle de la presse institutionnelle, mais juste une réorganisation marginale, cohérente avec les enjeux de notre époque. La lutte contre le changement climatique doit mobiliser l’ensemble de la société et ne devrait souffrir de barrière à l’information, a fortiori chez nos concitoyens qui n’ont pas forcément les moyens financiers de s’abonner à un ou plusieurs médias.

Bref, nous ne demandons pas une transformation du business modèle de la presse institutionnelle, mais juste une réorganisation marginale, cohérente avec les enjeux de notre époque. La lutte contre le changement climatique doit mobiliser l’ensemble de la société et ne devrait souffrir de barrière à l’information, a fortiori chez nos concitoyens qui n’ont pas forcément les moyens financiers de s’abonner à un ou plusieurs médias.

Nous voulons que la presse française soit la première au monde à s’engager de la sorte pour notre environnement. Pour que cette volonté soit entendue, soyons nombreuses et nombreux à signer cette pétition et à la partager autour de nous.

De mon côté, je vous tiendrai informés de la réponse des rédactions sollicitées.

Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, éconoiste

Le site du magazine GoodPlanet.Info propose gratuitement l’intégralité de ses articles sur le changement climatique à retrouver sur cette page

3 commentaires

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  • Que Monsieur Giraud se rassure à propos des pratiques du porte-parole des lutins thermiques,

    non seulement ce dernier ne facture pas les articles sur le réchauffement climatique voir

    http://www.infoenergie.eu/effet-serre.htm

    Il ne facture pas non plus ses articles sur la méthode permettant de le limiter. Voir

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/source-energie/SWE.htm

  • Monsieur Mandil, ancien directeur exécutif de l’IEA à l’OCDE, était plein de bon sens lorsqu’il expliquait que toute forme de production d’énergie n’utilisant pas la combustion des produits fossiles et exploitables à cours terme mérite examen.

    Le problème est qu’homo sapiens s’est orienté vers des projets extrêmement complexes tels que la fusion nucléaire. Ceci alors que la mise au point de tels systèmes ne peut assurément pas être réalisé à court terme et que l’on ne peut pas reprocher à un chercheur de ne pas trouver

    Un ancien responsable du CNRS avait d’ailleurs à l’origine du projet ITER donné sa démission jugeant avec lucidité cette chaîne énergétique trop complexe. Faut-il rappeler que seule la Chine a réussi à maintenir la fusion pendant une centaine de secondes et à l’arrêter.

    On peut même dire que l’imbrication des centrales nucléaires à eau pressurisée type EPR avec le domaine militaire a rendu leur fabrication également extrêmement complexe ce qui explique l’envolée des prix de l’électricité en France. Seule la Chine devant la France l’Angleterre et la Finlande a d’ailleurs réussi actuellement à faire fonctionner ce type de réacteur.

    Le porte parole des lutins thermiques estime que Mr Giraud directeur de recherches au CNRS a raison lorsqu’il estime que nous avons besoin d’une information sur l’environnement qui soit globale, de qualité et accessible à toutes et à tous.

    Les articles inclus dans les 2 sites qu’il a créés il y a environ une dizaine d’années à savoir

    http://www.infoenergie.eu sur un mode de production et de consommation de l’énergie en Europe à partir de chaînes énergétiques plus simples à réaliser que la fusion et la fission nucléaire

    http://www.rivieres.info lié au précédent sur la question environnementale

    sont bien sûr perfectibles mais ils sont gratuits et en accès libre sur internet ce qui est une porte ouverte à leur amélioration

  • je viens de faire un article sur la complexité des chaînes énergétiques utilisées par Homo sapiens et la nécessité de prévoir des chaînes plus simples et je ne vois pas – vu l’urgence climatique – pourquoi mes commentaires sont en attente de modération

En Thaïlande, des systèmes de détection des tsunamis pour éviter que le pire ne se reproduise

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