À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le Projet Imagine a organisé une table-ronde débat filmé. Il se focalise sur l’Iran et l’Afghanistan. La regarder permet de mieux comprendre ces enjeux qui vont bien au-delà de l’égalité entre les genres puisqu’il s’agit en fait du respect des droits humains fondamentaux. C’est ce qu’explique Frédérique Bedos, fondatrice de Projet Imagine qui a organisé ces échanges avec Bertrand Badie, expert franco-iranien en relations internationales, Kahina Bahloul, islamologue franco-algérienne, soufie, première femme imame en France, Aman Mojadidi, artiste conceptuel américain d’origine afghane. Frédérique Bedos de Projet Imagine a accepté de répondre à nos questions par email.
Pourquoi cette table ronde focalisée sur les femmes en Iran et en Afghanistan à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ?
Si la vague #MeToo a permis un extraordinaire réveil des consciences, cette période de prolifération des crises nous oblige à ne pas baisser notre garde. Partout dans le monde, les droits des femmes sont en danger. En Iran et en Afghanistan, ils sont littéralement bafoués et les conséquences sont dramatiques. Notre humanité commune nous oblige à garder vivace le combat en faveur de l’égalité.
Selon vous, à quelle forme de violence envers les femmes dans le monde faut-il s’attaquer en priorité ?
L’ignorance est sans doute la plus grande menace. Garantir aux filles et aux femmes l’accès à l’éducation, à la culture et à la connaissance est la condition sine qua non de leur indépendance et autonomie futures. Ce n’est pas par hasard si les Talibans, à l’image de tous les pouvoirs totalitaires, interdisent l’école aux petites filles dès leur entrée dans la puberté.
La lutte contre les violences passe par un renforcement des droits des femmes, c’est une première étape nécessaire, mais pourquoi renforcer les droits des femmes ne suffit-il pas toujours à améliorer leurs conditions de vie ?
Mettre en place un cadre légal clair est indispensable sinon il n’y a pas de recours possible face aux abus que les femmes peuvent subir. Mais au-delà de cela, il faut agir sur les racines même du problème, à savoir combattre cette culture de la violence et de la domination sur les bases desquelles notre société s’est bâtie. Il est temps d’humaniser le monde. En cela, la cause des femmes représente une puissante promesse de progrès humain pour tous. Hommes, femmes, enfants, nous sommes tous concernés.
Avez-vous un dernier mot ?
Parce que nous entrons dans une ère marquée par des défis d’ordre existentiels, nous constatons la montée en puissance de diverses formes de conservatisme, mais également d’un radicalisme religieux qui a pour première cible les femmes et leur libre arbitre. L’obscurantisme est à nos portes et il est de notre devoir de lui faire barrage.
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