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Professeur Feuillage : « l’humour est une arme de communication massive »

Le Professeur Feuillage est venu à notre rencontre dans les locaux de la fondation GoodPlanet pour une courte interview vidéo à regarder,commenter et partager. Pour mieux le connaitre, il y a la version longue écrite de cet entretien ci-dessous.

professeur feuillage
Professeur Feuillage. Lénie Cherino (gauche) et Mathieu Dumery (droite) © Fondation GoodPlanet/Adèle Mélice

 

Depuis 2014, le Professeur Feuillage sévit sur YouTube.où il compte 75 000  abonnés. Mathieu Dumery et Lénie Cherino, un duo de comédiens, se trouve derrière ce personnage d’écologiste un peu farfelu. Grâce à leurs vidéos, ils parlent d’écologie de manière pédagogique et humoristique. En cette fin d’année, ils sortent leur premier livre, un guide pratique L’Écolo Book pour « devenir écolo sans devenir chiant ».

Pour les personnes qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous nous en dire plus sur le Professeur feuillage ?

Mathieu Dumery : Physiquement, c’est moi. Le Professeur Feuillage est un personnage créé en 2013 avec pour vocation de rendre l’écologie et le militantisme ouvert à tous. Pour ce faire, nous mettons de l’humour et une belle réalisation audiovisuelle. Cela permet aux gens de ne pas s’ennuyer face à ces sujets importants, parfois tristounets et graves.

Quel a été votre déclic écologique ?

Lénie Cherino : Il n’y a pas eu de déclic à proprement parler, c’est plutôt un mouvement depuis l’enfance. Je suis attirée par le mouvement et les styles de vie asiatiques : le yoga, la médecine traditionnelle chinoise. Ces cultures sont en lien avec la nature, le cycle des saisons. Je ne pouvais pas continuer mon métier de comédienne sans intervenir sur les sujets environnementaux.

Mathieu Dumery : Ma mère m’a transmis son amour de la nature. Elle milite à l’alliance anti-corrida et pour le bien-être animal. J’ai grandi à la mer et à la campagne, deux milieux que j’ai vus se détériorer. En 2013, nous mettons en commun nos savoir-faire de comédien, d’auteur et de réalisateur au profit d’une cause qui nous est chère : l’écologie.

Comment vous est venue l’idée de vous lancer pour faire des vidéos sur YouTube ?

MD : YouTube est un merveilleux outil pour toucher un maximum de gens, dont des groupes pas intéressés par l’écologie comme des jeunes, des gens qui passent du temps derrière leur ordinateur et pas forcément des permaculteurs. Sur YouTube, nous n’avons aucune contrainte. Nous faisons des blagues grivoises sur un ton potache. Les chaines de télévision n’auraient pas forcément accepté ça.

Lénie Cherino : Pour démarrer, nous ne pouvions pas le faire ailleurs que sur YouTube. Nous auto-produisions notre programme. Du coup, nous avons carte blanche en matière d’humour, sur les conneries qu’on peut dire et sur la gravité des sujets. Pour l’instant, il n’y a rien de mieux, mais s’il existait une plateforme plus éthique… Cela nous pose des problèmes de conscience. Nos 6 premières chroniques étaient donc auto-produites mais, depuis la saison 2, nous sommes produits par France TV et en coproduction avec Six Pieds Sur Terre (une production Tourangelle) depuis la saison 3. Grâce à l’engagement de Six Pieds Sur Terre nous avons pu obtenir le label « Ecoprod » et approfondir la dimension artistique du projet.

MD : Parce que YouTube, c’est Google et que Google ne paye pas d’impôts en France. C’est aussi une plateforme mainstream qui met les gens dans des cases.

 Des difficultés ?

MD : Pour notre premier épisode sur le gaz de schiste, trouver un lieu de tournage. J’ai fait le tour de tous les squats de Paris, parfois avec ma petite-fille dans son porte-bébé. Et, nous avions un réalisateur qui avait vu très grand.

LC : Du coup, ça a mis la barre très haut sur le plan artistique. Pour continuer à produire des vidéos de la même qualité, il faut beaucoup de travail. Nous avons coproduit Professeur Feuillage à quatre alors qu’en fait ce programme nécessiterait une équipe de 30 personnes. Nous avons mis nos économies dans ce projet parce qu’on y croyait. C’est une production ambitieuse avec peu de moyens. Nous avons des costumes, un décor, une charte artistique.

Et l’idée d’adopter ce ton pêchu et fun ?

LC : Nous avons l’habitude de dire avec Mathieu que l’humour est une arme de communication massive. Nous serons beaucoup plus fédérateurs en étant festifs, joyeux et ludiques plutôt qu’en ayant une communication moralisatrice, anxiogène et grave. L’écologie aborde des sujets graves.

MD : De l’anxiété ne naitra pas le mouvement. Quand on a peur, on n’a pas envie de bouger.

LC : Il a fait psycho.

MD : Oui, j’ai fait pyscho. C’est une blague. Nous le constatons… Quand je vois une vidéo sur l’effondrement de la biodiversité, j’ai envie d’être chez moi à faire du tricot. Alors que si je vois une vidéo sur des gens qui se bougent, je vais me dire OK c’est parti, qu’est-ce que je peux faire pour aider ? Dans les vidéos du Professeur Feuillage, nous abordons des sujets difficiles et déprimants, mais nous allons vous mettre quelques petits éléments qui vont faire passer la pilule, nous mettons un peu de sucre avec la pilule de caca. L’humour attire à l’écologie des gens qui s’en foutaient. Au départ, beaucoup de gens regardaient nos vidéos pour se marrer. Mais au passage, ils choppent deux à trois informations. Et inversement, d’autres personnes ont envie d’un autre traitement des sujets environnementaux.

LC : Et, nous avions aussi envie de nous marrer.

Professeur Feuillage
La couverture de l’écolo-book du Professeur Feuillage

 Votre actualité est la sortie d’un livre « Etre écolo sans être chiant » par le Professeur Feuillage. Les écolos sont-ils vraiment des rabat-joie ?

LC : Ce titre nous a été soufflé par notre éditrice et nous voulons couper la tête à cette idée reçue que les écolos sont chiants.

MD : Tous les écolos ne sont pas chiants, D’abord, ça ne veut rien dire écolo, il y a plein de manière de l’être. Ils ne sont pas chiants par contre ils sont confrontés tous les jours à des choses pas fun, nous les premiers.

Comment rendre l’écologie joyeuse ?

LC : Quand on s’implique dans la cause écologiste, ça rend plus heureux. Plus le temps passe plus on tend vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. On se sent mieux, on consomme moins, on dépense moins d’argent pour des conneries. On se sent raccord avec nos valeurs. En fait, être écolo, c’est forcément être positif.

MD : Vous serez plus heureux en limitant votre consommation de viande, si vous arrêtez de succomber au Black Friday, si vous cessez de jeter vos merdes (sic) dans la nature ou si vous sensibilisez d’autres personnes. Ça fait grandir. C’est se retrouver soi.

Vous proposez pleins de petits gestes du quotidien. Lequel conseillerez-vous en priorité ?

MD : Il y a quatre actions qui peuvent réduire de façon importante l’empreinte carbone individuelle : un régime alimentaire végétarien, éviter les voyages en avion, ne pas avoir de voiture et faire moins d’enfants. Selon une étude suédoise, pour les Occidentaux, il faudrait réduire notre consommation de produits carnés et laitiers. Même s’il y a un gros débat sur la démographie en ce moment, je fais partie de ceux qui pensent que nous sommes trop nombreux. Je me fais rétorquer que si les gens qui ont conscience qu’il y a trop d’enfants arrêtent d’en faire, il ne restera que des enfants des gens pas sensibilisés. Il y aura alors une génération débile. Je suis un connard…

Et le plus amusant de tous ?

MD : Pour ne pas faire d’enfants : la branlette.

LC : C’est hyper ludique.

MD : Plus sérieusement, nous avons arrêté les coton-tige. Cet objet sert 2 secondes, avant de finir à la poubelle. On le remplace pour un modèle réutilisable. De plus, c’est parce que nous avons de la cire dans nos oreilles qu’elles ne sont pas sales.
LC Partir faire les courses avec un cabas. Refuser au maximum les emballages. On nous vend des déchets en fait, ou des choses indispensables à la vie dans du déchet. Il est préférable de privilégier le vrac.

Propos recueillis par Julien Leprovost

Professeur Feuillage présente son écolo book – Comment devenir écolo sans devenir chiant
First Editiions | ISBN :  9782412030431 | 192 pages

Une des vidéos YouTube dy Professeur Feuillage

MISE A JOUR LE 22 décembre
Ajout de l’entretien vidéo avec le Professeur Feuillage
Correction de la question sur youtube avec ajout de la mention du fait que l »émission  Professeur Feuillage est désormais produite avec du soutien de France Télévision et Six Pieds Sur Terre.

2 commentaires

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    • Patou55

    bonjour ce côté chiant des écolos on le voit dans le regard des gens lorsqu’on discute. Etre écolo c’est un art de vivre, c’est fait de plein de petites choses à changer au quotidien. C’est vrai que le débat sur l’alimentation carnée, le taux de natalité dérange beaucoup mais il faut y réfléchir maintenant pas quand il sera trop tard. Il y a 40 ans j’ai eu 4 enfants. Si j’avais vingt ans aujourd’hui je me contenterai de deux et pourtant je les aime tous les 4 de la même manière. Je m’inquiète profondément pour les générations futures. Il faut que chacun réagisse en fonction de ses possibilités. Chaque geste compte. Bonne continuation à cette équipe que je découvre aujourd’hui.

    • Patou55

    bonjour ce côté chiant des écolos on le voit dans le regard des gens lorsqu’on discute. Etre écolo c’est un art de vivre, c’est fait de plein de petites choses à changer au quotidien. C’est vrai que le débat sur l’alimentation carnée, le taux de natalité dérange beaucoup mais il faut y réfléchir maintenant pas quand il sera trop tard. Il y a 40 ans j’ai eu 4 enfants. Si j’avais vingt ans aujourd’hui je me contenterai de deux et pourtant je les aime tous les 4 de la même manière. Je m’inquiète profondément pour les générations futures. Il faut que chacun réagisse en fonction de ses possibilités. Chaque geste compte. Bonne continuation à cette équipe que je découvre aujourd’hui.