L’avocate en biodiversité Blanche Magarinos-Rey explique les enjeux d’un projet de loi pour la libéralisation des semences. Ce projet sera examiné en séance publique le 22 mai prochain. Un amendement a été déposé afin de pouvoir vendre librement des semences paysannes, appartenant au domaine public, à des utilisateurs non-professionnels. Cet amendement permettrait de défendre les semences et de sauvegarder la biodiversité alimentaire. L’enjeu est de taille. La FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, estime que la diversité dans les cultures a chuté de 75% au cours du siècle dernier. Si rien n’est fait, les projections ne sont pas meilleures. Un tiers des variétés actuelles pourraient disparaître d’ici 2050. « Faites le choix de la biodiversité, libérez les semences », reprennent en cœur divers acteurs du milieu environnemental comme Yann Arthus-Bertrand, président de la Fondation GoodPlanet, Pierre Rabhi, fondateur du mouvement Colibris ou encore Ananda Guillet, directeur de l’association Kokopelli.
2 commentaires
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salloum
action absolument nécessaire pour lutter contre les abus révoltants de Monsanto et ses compères.
Claude Courty
« Une certaine conception du monde place dans le passé l’âge d’or de l’humanité. Tout aurait été donné gratuitement à l’homme dans le paradis terrestre, et tout serait au contraire pénible et vicié de nos jours. Jean-Jacques Rousseau a donné une couleur populaire et révolutionnaire à cette croyance, qui est restée vive au cœur de l’homme moyen [pour gagner celui du Bobo]: ainsi l’on entend parler de la vertu des produits « naturels » [devenus « bio »] et bien des français [ils ne sont pas les seuls] croient que la vie d’autrefois était plus saine qu’aujourd’hui.
En réalité, tous les progrès actuels de l’histoire et de la préhistoire confirment que la nature naturelle est une dure marâtre pour l’humanité. Le lait « naturel » des vaches « naturelles » donne la tuberculose, et la vie « saine » d’autrefois faisait mourir un enfant sur trois avant son premier anniversaire. Et des deux qui restaient, dans les classes pauvres, un seul dépassait, en France encore et vers 1800, l’âge de 25 ans. (…)
Toutes les choses que nous consommons sont en effet des créations du travail humain, et même celles que nous jugeons en général les plus « naturelles », comme le blé, les pommes de terre ou les fruits. Le blé a été créé par une lente sélection de certaines graminées ; il est si peu « naturel » que si nous le livrons à la concurrence des vraies plantes naturelles il est immédiatement battu et chassé. Si l’humanité disparaissait de la surface du sol [Ce qui ne saurait tarder au train où vont les choses dans bien des domaines], le blé disparaîtrait moins d’un quart de siècle après elle ; et il en serait de même de toutes nos plantes « cultivées », de nos arbres fruitiers et de nos bêtes de boucherie ; toutes ces créations de l’homme ne subsistent que parce que nous les défendons contre la nature ; elles valent pour l’homme ; mais elles ne valent que par l’homme.» Jean Fourastié in « Pourquoi nous travaillons »