La pollution de l’air, véritable tue-l’amour pour les insectes, selon des chercheurs

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Un mâle stérile de la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata), connue pour infester plus de 250 espèces de fruits et légumes, est relâché dans la nature par des travailleurs de l'installation biologique de production d'insectes stériles de l'Institut pour la santé et la qualité agricoles de Mendoza, à Santa Rosa (Argentine), le 13 mars 2015. © AFP/Archives ANDRES LARROVERE

Paris (AFP) – Des mouches, en pleine confusion sexuelle, incapables de distinguer les mâles des femelles: la pollution atmosphérique, qui menace déjà la pollinisation des plantes, sème aussi la pagaille dans la reproduction de certains insectes, montre une étude publiée mardi dans Nature Communications.

A l’origine du phénomène, l’ozone, un des polluants les plus communs qui, même à une dose modérée, a pour effet de dégrader les perceptions olfactives des insectes. Et cela affecte aussi les phéromones, ces substances chimiques odorantes à l’origine de réactions sexuelles ou sociales inconscientes sur un individu de la même espèce.

Résultat: lors d’expériences menées avec des niveaux d’ozone typiques des grandes villes sur les drosophiles, ces petits moucherons qui tournent très souvent autour des fruits, les mâles se retrouvent soudain privés de tout sex-appeal aux yeux des femelles, qui ne sont plus incitées à s’accoupler.

Et certains mâles, sexuellement dans le brouillard, se retrouvent même à poursuivre de leurs assiduités leurs congénères du même sexe, réduisant à néant toute possibilité de reproduction.

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Cette communication sexuelle perturbée est principalement déclenchée par l’effet oxydant de la pollution atmosphérique sur les chaînes carbonées des phéromones et dure plusieurs jours.

Ce problème se retrouve chez neuf des dix espèces de drosophiles étudiées, mais pourrait également affecter d’autres insectes dont le comportement repose aussi sur les phéromones, soulignent les scientifiques.

Ce facteur, jusqu’ici méconnu, pourrait accentuer le déclin qui a touché près de la moitié des espèces d’insectes ces dernières décennies.

« Nous parlons de millions d’espèces », a déclaré à l’AFP Markus Knaden, l’un des contributeurs de l’étude et membre de l’Institut Max Planck, citant notamment « les papillons de nuit, les papillons, les fourmis, les abeilles, les guêpes ».

Avant l’industrialisation, les niveaux d’ozone naturels dans l’air s’élevaient en moyenne à environ 40 parties par milliard (ppb) au niveau mondial. Mais aujourd’hui, dans les villes et les zones industrielles, les niveaux d’ozone peuvent facilement atteindre 210 ppb, soit environ cinq fois plus.

« Tout allait bien, jusqu’à ce que nous arrivions », a déclaré M. Knaden. « C’est entièrement de notre faute ».

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L’étude a montré que même une exposition de courte durée à des niveaux d’ozone de 100 ppb entraînait une dégradation significative des phéromones. Et plus la concentration d’ozone est élevée, plus l’impact est important. Sans compter l’influence d’autres polluants, tels que les monoxydes d’azote qui s’oxydent à des vitesses encore plus rapides et pourraient venir renforcer le phénomène.

Des expériences, menées par des scientifiques de l’Université de Reading en Angleterre, sont actuellement en cours pour déterminer dans quelle mesure d’autres insectes volants et rampants pourraient être affectés.

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Déclin mondial des insectes
© AFP/Archives Thomas SAINT-CRICQ

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