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À Lyon, retour à la terre au milieu du béton

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Un jardinier éduque une habitante à l'agriculture urbaine, le 4 juin 2023 à Lyon © AFP/Archives OLIVIER CHASSIGNOLE

Lyon (AFP) – C’est un jardin ouvert, au milieu de longs immeubles de logements sociaux, avec sa « toupie » d’herbes aromatiques et ses laitues foisonnantes: dans le 8e arrondissement de Lyon, le « 8e cèdre » éduque les habitants à l’agriculture urbaine et à la ville durable.

« Tu vois les fleurs blanches? Ca veut dire qu’il y a des pommes de terre en dessous. Tu peux tirer les plants », lance l’une des responsables du projet, Sarah Richardier, à Ouaïs, un petit garçon de 7 ans. « Il y en a plein! Je vais les emmener chez moi », se réjouit-il à la vue des tubercules.

Dans ce jardin permacole aménagé au milieu des logements sociaux (plus de 450 logements et 4.200 habitants), les enfants ont vite fait le lien entre les intervenants et la population.

« Quand on habite dans des quartiers comme ça, il y a besoin d’apports de l’extérieur », confie Yasmina Boughdri, une amie de la famille qui surveille le garçon et sa sœur depuis la table de pique-nique ombragée installée au milieu des plantations.

Elle habite « du côté bruyant » des logements, mais aime profiter « du côté vert dans cette ambiance béton ». « Il faut que les gens se mélangent, se côtoient, c’est ça qui fait qu’on vit ensemble », estime-t-elle.

Le projet « 8e cèdre », animé depuis quatre ans par l’association Place aux Terreaux avec le soutien de Grand Lyon Habitat, s’est intégré à la requalification des espaces extérieurs initiée par le bailleur. Adieu les places de parking: la grande cour goudronnée a laissé place au jardin et à un petit terrain de sport.

Le bailleur veut « accompagner la transformation des usages des habitants », avec le soutien financier de la ville de Lyon et de la Métropole.

« Ca nous permet d’aller sur toutes les thématiques: comment on vit chez soi, comme on mange chez soi, comment on gère ses déchets. C’est une approche systémique, on a un programme pédagogique qui aborde tout, la santé et l’alimentation, l’économie circulaire, la gestion des déchets, l’agriculture urbaine, la biodiversité, le compostage… », souligne Ludivine Dequidt, chargée de développement Politique de la ville/Actions collectives chez GLH.

 Transformation des usages

Le jardin est entretenu par l’association. Une trentaine d’adultes viennent régulièrement, et 120 personnes sont inscrites sur le groupe WhatsApp de la résidence. Plantations, récoltes se font avec le public, deux fois par semaine. De nombreux ateliers sont organisés.

« On fait un projet d’agriculture urbaine, qui a un impact sur le cadre de vie de la résidence, sur l’environnement et sur l’évolution de la ville », se félicite Ludivine Dequidt.

« Les gens modifient leur trajet pour passer par la cour, ils flânent », rapporte Sarah Richardier.

La température a baissé avec le recul du goudron, tandis que oiseaux et insectes ont fait leur retour. GLH a prévu de créer un autre jardin du même genre à un kilomètre.

Ilhem Kanouni, qui n’était pas venue depuis longtemps, a vu le message envoyé sur le groupe WhatsApp: la récolte ne permet pas de remplir son panier, mais « aide » un peu, dit-elle.

L’idée pourrait essaimer: après le côté production, GHL est en train de répondre avec d’autres associations à « un appel à projets sur la précarité alimentaire, pour faire la distribution auprès des personnes les plus démunies », explique Ludivine Dequidt.

A côté du jardin associatif, il y a les terres maraîchères de la « micro-ferme des Etats-Unis », un espace privé exploitée par deux producteurs depuis 2020. Environ 600 m2 sur place, et 1.500 m2 à quelques rues. La démarche favorise la mixité. Marie-Annick Monghal, 80 ans, a marché deux kilomètres pour récupérer son panier hebdomadaire: courgettes, fraises, ciboulette, mesclun, micropousses, pommes de terre: des « produits frais, bio, issus du circuit court ».

Le maraîcher Philippe Zerr est un ancien de l’audiovisuel reconverti à 40 ans. Pour lui qui se décrit comme un « urbain », sa micro-ferme montre qu' »on n’est pas obligé de changer toute sa vie pour monter un projet un peu fou ».

© AFP

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